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Usages et conseils

Compétence professionnelle et faux-semblants

En France ainsi que dans une majorité de pays européens, l’exercice de la profession d’héraldiste comme celle de généalogiste n’est pas soumis à l’obtention d’un diplôme ou d’une quelconque qualification reconnue par l’Etat, ni au respect d’un code déontologique strict. On ne peut que regretter cet état de fait car c’est la voie ouverte à beaucoup trop de charlatans qui portent atteinte à la crédibilité d’une profession en quête de reconnaissance...En outre, notez bien que l’appartenance à un syndicat professionnel (de fait, une association loi de 1901) n’est hélas ni une caution morale ni un certificat de compétence.
Là encore, les brigands prolifèrent et sévissent tout particulièrement sur internet afin de profiter des plus crédules.
Soyez très vigilants !

Us et coutumes nationaux

Chaque pays européen, voire chaque province de ces pays, possède sa propre législation, ainsi que ses usages et styles héraldiques spécifiques. Par exemple, un bon héraldiste qui interprète ou crée des armoiries pour un commanditaire portugais ou norvégien doit connaître et tenir compte de ces différents paramètres. Aujourd’hui, la multiplication des mariages mixtes entraîne de très intéressants mélanges héraldiques qui montrent bien la richesse et la souplesse du noble art. En outre, des pays n’ayant pas de tradition héraldique autochtone comme la Chine commencent à s’ouvrir aux armoiries importées par les occidentaux.

Usurpation d’armoiries, armoiries homonymes

L’honnêteté commande de ne pas utiliser des armoiries qui ne vous appartiennent pas. User indûment des armoiries d’autrui peut coûter très cher… La loi française considère en effet les armoiries comme un accessoire inaliénable du patronyme, qu’il soit noble ou non. Pour éviter tout problème, soumettez vos créations d’armes à un professionnel compétent ou confiez-lui la responsabilité juridique de créer celles-ci.
Depuis plusieurs générations, de faux héraldistes sévissent en proposant à leurs clients de « retrouver » vos armoiries sur la seule indication de votre nom. Au mieux, ils gratifient leurs clients d’armoiries attachées à des noms homonymes… Cela n’est hélas pas aussi simple et il vaut mieux opter pour une véritable création d’armoiries sérieuse qui garantit la règle de base en droit héraldique : « chacun peut adopter les armoiries de son choix à la seule condition de ne pas usurper celles d’autrui ».

Armoiries et lignée

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les armes sont attachées à une lignée familiale et pas au seul nom patronymique. Plusieurs familles homonymes dont le berceau est le même espace géographique n’ont pas forcément de liens de sang. Donc, toutes ne posséderont pas d’armoiries. Dans ce cas de figure, la seule solution pour savoir si votre famille possède bien des armoiries est de constituer une généalogie ascendante en partant de vous.

Généalogie et armoiries

Bien qu’étant un domaine connexe à l’héraldique, la généalogie est une technique qui requiert des compétences spécifiques. C’est pourquoi je ne traite moi-même aucun dossier généalogique. Le contraire étant également vrai, un généalogiste est rarement compétent en héraldique. J’appuie mes recherches sur les travaux de mes confrères généalogistes. Une bonne généalogie est le fondement de toute recherche d’armoiries sérieuse.

Usurpation de titres et de couronnes nobiliaires

Il est absolument contraire à l’éthique d’un héraldiste digne de ce nom d’ajouter une couronne de rang nobiliaire à des armoiries non-nobles. Un particulier ne peut utiliser une couronne nobiliaire pour timbrer ses armes sans être en mesure de prouver une filiation directe attachée au titre héréditaire correspondant.
Sachez par ailleurs qu’en France, aucun titre de noblesse ne peut être légalement vendu ou acheté, le titre de noblesse étant également considéré par la loi comme un accessoire indissoluble du patronyme.
L’Association d’entraide de la Noblesse Française (A.N.F.) et son équivalent dans différents pays européens veille aussi à ce que ce genre de délits soit connu et puni.
http://www.anf.asso.fr/

Fleurs de lis (alias fleurs de lys)

Propriété morale et symbolique de la maison de France (toutes branches confondues), la fleur de lis d’or sur fond d’azur ne doit pas figurer sur des armoiries françaises, sauf si elle a été dûment concédée par un souverain avant 1830. Sous l’Ancien Régime, l’octroi d’une ou de plusieurs fleur(s) de lis dans les armes d’un particulier ou d’une ville était un honneur uniquement accordé par le souverain.

Faux ordres de chevalerie

Les ordres de chevalerie non reconnus par l’Etat français par le biais de la Grande chancellerie de la Légion d’honneur (par décret ou implicitement) sont prohibés sur le territoire national ; leurs dirigeants et leurs membres peuvent être poursuivis en justice. Certains faux ordres de chevalerie ont pour seul but de soutirer de l’argent à leurs membres, quand ils ne masquent pas une activité sectaire. On assiste depuis quelques années sur internet (notamment via Facebook) à une véritable prolifération des faux « ordres templiers » tous plus ridicules les uns que les autres. Laissons dormir en paix ces preux chevaliers !

Usage illicite de décorations

Là encore des poursuites et des sanctions pénales sont prévues afin de punir le port illicite de décorations. En revanche, rien ne vous empêche de faire figurer votre décoration comme la Légion d’honneur, l’Ordre national du Mérite, une médaille militaire ou un ordre étranger en ornement extérieur, sous votre écu. Cependant, n’oubliez pas qu’aucune décoration française n’est héréditaire. Vous ne pouvez donc pas orner vos armoiries avec les décorations de votre aïeul, même s’il fut un héros de la Première guerre mondiale... Il en est de même en ce qui concerne les décorations des régimes précédents.

" Enregistrements d’armoiries ", protection de ses armes

Il n’y a jamais eu en France de véritable enregistrement de l’ensemble des armoiries comme cela s’est toujours fait, par exemple, en Angleterre.
L’Etat français n’enregistre pas les armoiries des citoyens. Aucun organisme officiel en France n’est habilité à le faire puisqu’il n’existe aucune autorité héraldique française.
Il n’y a donc que trois solutions pour protéger ses armoiries d’une éventuelle usurpation selon le principe juridique de la date certaine :

 Le dépôt légal par le biais d’une publication qui y soit soumise ;

 Le dépôt sous archives notariales permet également de faire date certaine. Les archives notariales sont régulièrement versées aux archives départementales dont elles dépendent ;

 L’acte sous seing privé : le moyen le plus simple et le moins cher de faire date certaine est de s’adresser un courrier recommandé avec avis de réception et de ne pas l’ouvrir. Ce courrier doit comprendre le blasonnement des armes ainsi qu’une copie de leur représentation et, bien sûr, l’identité complète du propriétaire. En cas d’usurpation de vos armoiries par un tiers, il suffira de faire ouvrir ce courrier par le tribunal compétent.

En France, les armoiries dites "historiques" (par exemple, déjà existantes sous l’Ancien Régime) relèvent du droit coutumier selon lequel l’usage vaut propriété.

En France, de nombreuses associations loi de 1901 proposent un soit disant "enregistrement officiel" de vos armoiries moyennant finance. Sachez qu’elles se contentent de faire figurer vos armoiries dans une publication de leur cru soumise au dépôt légal... Il est important de savoir qu’aucune association ne peut se prévaloir d’une quelconque autorité officielle (même si son nom ronflant peut le laisser croire...), ni de l’autorité morale d’un prince, ou d’un prétendant au trône... De même, qu’il n’y a plus en France, depuis la fin de l’Ancien Régime, d’armoriaux officiels compilant les armoiries...
NB : l’Institut National de la Propriété Industrielle (I.N.P.I.) n’est pas compétent pour "enregistrer" les armoiries.

Lettres patentes d’armoiries

Elles sont par définition des documents officiels qui émanent d’autorités héraldiques nationales officielles, de chancelleries d’Etats souverains ou de souverains régnants. Elles sont authentifiées par des sceaux et/ou des signatures de personnes reconnues comme légalement détentrices du pouvoir (une lettre patente d’armoiries non signée et /ou non scellée n’a aucune valeur juridique). Un double est toujours conservé dans les archives d’Etat et leur contenu fait toujours l’objet d’une publication dans le journal officiel du pays concerné.
Hélas, quelques héraldistes malhonnêtes profitent de l’ignorance du public dans ce domaine pour vendre de tels documents à leurs clients en les faisant passer pour juridiquement valides. Bien entendu, leur valeur juridique est absolument nulle puisque émanant d’un particulier ou d’une association loi 1901 ou encore de quelque prétendant au trône dépourvu de toute autorité concrète…
 Il n’existe donc personne en France capable de produire des lettres patentes d’armoiries légales.

Exemple d’une véritable lettre d’armoiries délivrée à un citoyen belge flamand par le Vlaamse Heraldische Raad (Bureau héraldique Flamand) Elle est officialisée par la signature du ministre président flamand et d’autres responsables représentant l’Etat :

Esotérisme et symbolisme

Certains esprits romantiques notamment au XIXe siècle ont vu, et certains voient encore, dans les armoiries et leur langage (le blason) des symboles mystérieux et ésotériques... Ils interprètent la signification des armoiries selon les critères de leur époque sans même travailler sur les sources historiques ni prendre en compte l’histoire des mentalités et cette ignorance les conduits à se fourvoyer. Chacun peut voir dans les armoiries ce que lui inspire sa propre sensibilité car elles sont aussi un vecteur de rêve. Mais de là à en faire une doctrine systématique, il y a un pas qu’un esprit bien formé et objectif ne peut franchir.

Question de vocabulaire

Le terme « blason, blasons » tel qu’il est utilisé par le grand public porte à confusion puisque dans le vocabulaire héraldique, il désigne la description des armoiries traduite en mots. Le blason ne désigne pas l’écu ou les armoiries.
Le blason est donc la langue des armoiries, elle possède un lexique (issue du Français médiéval) et une syntaxe qui lui sont propres. C’est la seule langue au monde qui décrive des images avec fidélité. Le blason permet de fixer par écrit un dessin ou de le transmettre sans avoir recours à l’image.
Les termes « armoiries » ou « armes » (toujours au pluriel) sont donc à préférer pour désigner soit le contenu d’un écu, soit l’écu et ses ornements extérieurs (heaume, tortil, couronne, cimier, lambrequins, devise, cri, supports, tenants ou soutiens, bannières, ordre de chevalerie…).

Armoiries, totems et jardin secret

Depuis les origines, les hommes ont toujours ressenti le besoin de s’identifier à un totem représentant du règne animal ou végétal. Cette nécessité de symbolisme s’est incarnée tout au long de l’histoire de l’humanité. Elle a trouvé au Moyen Age, avec les armoiries, une réponse particulièrement adaptée à cette aspiration à un jardin secret symbolique. Le succès des armes et leur propagation dans toute la chrétienté en quelques siècles a été foudroyant dans une société qui ne connaissait pas les mass medias. Il est toujours étonnant de constater qu’en notre début de XXIe siècle, les armes trouvent toujours une résonance positive dans le cœur et l’esprit des hommes.
Les armoiries ne seraient-elles pas un petit supplément d’âme, un jardin secret individuel dans un monde parfois trop matérialiste ?

Mondialisation héraldique

Les armoiries fascinent et par le biais des échanges humains passés et présents, elles sont sorties de leur cadre strictement occidental pour se répandre sur tous les continents. L’héraldique est une emblématique d’une grande souplesse qui s’adapte à toutes les traditions, s’en nourrit, les digère et produit de nouvelles emblématiques. Il faut bien dire que l’exportation des armoiries s’est faite dans un premier temps par les guerres et la colonisation. Elle se propage aujourd’hui pacifiquement par le biais des échanges culturels et des mariages mixtes sur toute la planète. Notons que dans le monde, l’héraldique anglo-saxonne est la plus connue et la plus copiée, l’anglais étant devenu la principale langue des échanges internationaux. Cela reste néanmoins une mondialisation respectueuse des différences culturelles.

La soit-disante hiérarchie des heaumes (casques)…

Nombre d’ouvrages à partir de la fin du XVIe siècle mais aussi hélas contemporains persistent dans l’erreur et montrent une planche intitulée :
« la hiérarchie des heaumes » sensée fonctionner sur le modèle de la hiérarchie des couronnes nobiliaires. Dans la réalité, des pratiques héraldiques françaises on constate que ces prescriptions tardives n’ont jamais ou très rarement été concrètement observées avant le XIXe siècle (rappelons que ce siècle a été une période de grand appauvrissement de l’art et des coutumes héraldiques en France et dans toute l’Europe).
Pour résumer, en France, on utilise indifféremment les trois types de heaumes suivants :

Le heaume de joute.
C’est le heaume presque entièrement fermé (à l’exception d’une fente de vision et de trous d’aération) qui protégeait les tournoyeurs lors d’une joute à la lance.

Le heaume de tournois.
C’est le heaume ouvert protégé au niveau du visage par des grilles de métal (permettant une bonne vision d’ensemble) qui servait lors des tournois à l’épée ou à la masse d’armes rebattue. Au cours des siècles, la noblesse française a eu une nette préférence pour ce type de heaumes essayant mais sans succès de se le réserver…

Le heaume pot.
C’est le seul heaume qui soit issu d’un modèle réellement militaire. Il est utilisé en héraldique depuis le XIIe siècle jusqu’au XIVe siècle. Sa forme épurée est toujours très appréciée de nos jours.


Le heaume royal.
Les rois de France ont longtemps utilisés des heaumes de tournois tarés de face, souvent complètement en or et rehaussés de pierres précieuses.

A partir du XVIIe siècle, le modèle de l’armet d’or ouvert et taré de face s’est imposé.
Bien entendu, il est uniquement réservé aux souverains passés ou aux actuels prétendants au trône de France.

Très tôt dans l’histoire héraldique (XIVe siècle) les non-combattants et les non-nobles se sont emparés des heaumes pour en timbrer leurs écu comme le faisaient les seigneurs comme le montrent notamment pléthore de sceaux.

Tous les heaumes français sont tarés (posés) de profil ou de trois-quart. C’est le régime commun à tous les propriétaires d’armoiries français d’origine noble ou non.
On admet depuis la fin du XVIe siècle que seul un marquis, un duc, un prince et un roi peut tarer son heaume de face.

Le houssage intérieur des heaumes est presque toujours d’étoffe rouge cependant, rien n’empêche d’utiliser une autre couleur.

La « couronne de chevalier » (SIC)…

En France cette couronne n’a jamais existé. Contrairement à certaines légendes, le tortil (alias bourrelet) n’a historiquement parlant jamais été réservé aux chevaliers. Tout le monde à donc le droit d’avoir un tortil sur son heaume cela est même conseillé car dans la réalité, il a pour but d’assujétir les lambrequins au heaume et de cacher la fixation du cimier à ce dernier. Lors de son adoubement, le chevalier se voyait remettre une épée et une paire d’éperons symbole de son nouvel état mais jamais un tortil…
En fait le tortil est l’entortillement de deux morceaux d’étoffes qui produit une sorte de boudin bicolore. Dans une composition héraldique, le tortil est aux couleurs deux principales couleurs des armes (un métal + un émail) mais il peut aussi avoir plus de couleurs au gré de la fantaisie de l’artiste.