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1998 - La Tribune le Progrès (FR)

La Tribune

Le Progrès
Le journal de Saint-Etienne
Vendredi 31 juillet 1998

Le blason se démocratise
par J.T

Laurent Granier est héraldiste. Il crée des armoiries avec méthode, avec talent. Bonne surprise à la clé : si le blason donne toujours à rêver, il donne aussi des idées. Du coup, en lui rendant ses lettres de noblesse, il le démocratise.

« Je me fais plaisir tous les jours », dit Laurent Granier. Il était loin de se douter que ses études d’his-toire le conduiraient un jour à vivre sa passion, à vivre de sa passion.
Laurent Granier est héraldiste, il étudie les armoiries qui sont, en quelque sorte, la carte d’identité, l’emblème de familles ou de communautés, il en dessine aussi pour des gens d’aujourd’hui.

En effet, cette science qu’on aurait pu croire tombée aux oubliettes, si une époque oil la sécheresse d’une carte de visite, le clin d’œil d’un logo suffisent à nommer une famille ou camper une profession, reprend vigueur sur les racines d’une tradition presque millénaire,

« Les armoiries sont apparues au XII siècle, au départ, elles représentaient les boucliers des combattants, ce qui permettait de les distinguer. La pratique, très vite, allait être adoptée par une large partie de la population, Il faut dire qu’alors, neuf personnes sur dix ne savaient ni lire ni écrire, d’où la nécessité de posséder un sceau pour authentifier un acte », rappelle Laurent Granier.

Noble ou pas, chacun pouvait y prétendre, c’est ainsi qu’on retrouve des sceaux de paysans et des sceaux de bourgeois. Il en est de simples, sans souci du paraître, d’autres plus élégants, plus élaborés, qui sont armoriés. « Je me suis pris d’intérêt pour les formes et pour les couleurs », dit laurent Granier, surpris de dé-couvrir à quel point
« l’héraldique concerne tous les domaines de la vie, le grand publie n’en a qu’une vision très réduite et sou-vent réductrice »,

Pédagogue et créateur

Il est vrai que la tourmente révolutionnaire est passée par là, martelant tes blasons de pierre, jetant les symboles aux orties, les armoiries disparues de notre quotidien, on en a perdu la clé de lecture,
Autant de raisons qui ont motivé laurent Granier dans sa croisade pour la défense et l’illustration du blason : son rêve d’enfance allait être bien servi par la patience du pédagogue et le talent du créateur.

Quand on passe en revue sa lignée de blasons, on est séduit par l’élégance, la force du motif, la clarté du message, la démarche n’à rien de gratuit, encore moins de fantaisiste, les règles auxquelles elle obéit restent inchangées : la personnalité, le goût des personnes, l’histoire de leur famille.

C’est donc une mine d’informations et de richesses insoupçonnées que laurent Granier s’est mis à explorer avec rigueur, avec méthode, pour son propre plaisir, sans se douter qu’un jour, il en ferait son métier.

Il faut dire que, si les blasons n’ont plus cours, ils donnent toujours à rêver, ils donnent parfois des idées.
« Les agressions de l’extérieur font que les gens se replient sur la famille, c’est la cellule de base, ils prennent appui sur elle », dit laurent Granier.
Il observe que, si « mai 68 a prétendu faire éclater tous ces schémas, la cassure ne s’est pas produite, on y revient plus que ja-mais parce qu’il ne s’agit pas d’un caprice de mode, mais d’un fait social, d’une réalité ».

Un signe de ralliement

Les armoiries sont donc perçues comme un point de repère, un signe de ralliement. Elles servent à « glorifier lin esprit de fa-mille, à affirmer l’appartenance il un même clan. » Ou à trouver un point d’ancrage dans une vie nomade.
Autant de raisons pour lesquelles des particuliers s’en remettent à l’héraldiste.
Ils sont cadres supérieurs ballottés par tes aléas de la vie professionnelle, chefs d’entreprise soucieux de transmettre un patrimoine marqué du sceau de la vie.

Les armoiries d’alliance sont une autre façon de célébrer une union, un anniversaire de mariage.

« C’est un art qui évolue à l’image de la vie, il n’a rien de figé », dit Laurent Granier.
Il évolue tellement en effet que des entreprises soucieuses d’améliorer leur image, leur communication, se laissent toucher à leur tour par la grâce du blason et sa modernité.
La malédiction de 1a Révolution et les deux siècles d’apriori négatif qui l’ont suivie commencent à s’estomper.
L’héraldiste ne travaille plus seulement pour la gloire.

Laurent Granier renouvelle l’art héraldique

Le message passe : les armoiries, carte d’identité traditionnelle des familles s’affirment aussi comme un outil de communication

« A dix ans, je dessinais des châteaux forts, je découvrais ébloui la civilisation médiévale », se souvient Laurent Granier. Il apprendra plus tard que tous les héraldistes ont pris le virus très jeunes : leur passion remonte à l’enfance.
Lui, il a réussi, à force de travail et aussi de talent, à en faire son métier. Le travail lui a permis très vite de faire autorité et d’être reconnu dans un milieu où ceux qui proposent leurs services n’offrent pas toujours les meilleures garanties de sérieux, de compétence et d’authenticité.
Le talent du professionnel a fait le reste. Aujourd’hui, l’héraldiste est bien en cour, apprécié par les descendants des grandes familles françaises et européennes qui le sollicitent volontiers. Et admis dans le cercle étroit des spécialistes de l’héraldique.

Il a même repoussé tes frontières du royaume, ralliant des terres étrangères à l’usage du blason. Ainsi le monde commercial choisit de plus en plus ce vecteur de communication : il est clair, il retient l’attention, le message passe.